Rosalie se moque. Elle vous trouve trop classique, dit-elle. Pas assez aventureux. Une créature rongée par l’habitude, engoncée dans la routine. Confiante comme si elle venait de faire le tour du monde à la voile, elle se permet même moqueries et autres petits pics pour vous rappeler à votre désespérante normalité. Ce qu’elle ne sait pas – ce qu’elle n’a visiblement pas appris en ses quelques années de vie – c’est qu’il ne faut jamais juger un livre sur sa couverture et que l’habit de fait pas, mais alors pas du tout, le moine. Pas que vous en soyez un évidemment.
Pour lui montrer combien les extérieurs peuvent être trompeurs, vous la mettez face à la charmante devanture du Petit Panisse, adresse on ne peut plus sympathique du XIe arrondissement parisien. C’est certes “ravissant”, mais “dans le registre bistrot parisien classique” ose-t-elle. Effectivement, les couleurs chaudes du bois, le sol carrelé et les murs aux airs un peu délaissés, rappellent plutôt des tablées à la bonne franquette du Paris des années 1930. Mais le menu remet tout de suite les pendules à l’heure. Jeff Schilde, gentil barbu grisonnant, plein de tatouages et ex-chef du Dame Jane, joue à la perfection la petite partition du contre-emploi. Ses plats sont aussi modernes que sa cuisine est surprenante. Tartare de canard au couteau, poulpe grillé avec confiture de fenouil et épeautres… C’est créatif, c’est nourrissant et ça accomplit même l’exploit de ne pas être une seule seconde prétentieux. Le menu change tous les jours, les vins sont naturels, la terrasse de 20 couverts est idéale, pour manger ou pour un cool apéro entre ami·e·s. Le chef sait même faire son propre chocolat ; agrémenté, croyez-le ou pas, de graines de fenouil. C’est classique ça peut-être ?
Gustave
Le Petit Panisse
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