Gustave ouvre son placard, déplace trois boîtes, regarde derrière et soupire. Dans sa barbe, il murmure “pas aujourd’hui”, comme pour se donner du courage. Face à lui, au fond de son étagère, des collants techniques attendent qu’il craque. Attendent que Gustave, frileux en secret depuis toujours, renonce et les enfile. Gustave vit mal l’hiver. Très mal.
Pour le réchauffer, vous avez tout essayé, mais rien n’y fait. Jusqu’à ce que vous appreniez le retour en France du Marseillais Frédéric Ducas, chef étoilé parti à NYC se perfectionner. Derrière sa belle façade bleue qui fait l’angle de la rue, Ducas, réchauffe à coups de plats qu’on le voit cuisiner lorsqu’on a eu le bon goût de choisir la table d’hôte pour 8, pile en face de la cuisine ouverte. Les deux en bout de table ont carrément le pif dans les préparations. En plus, voir les recettes prendre vie sous vos yeux aide fortement au choix de la commande. Mais le vrai plus de Rooster c’est ce qu’il se passe dans les assiettes. Ce sont elles qui réchauffent vraiment. En ce moment, puisque c’est l’ouverture, Gustave peut se régaler des plats phares du chef, comme son délicieux panisse, ses olives d’apéritif qui elles n’ont plus n’échappent pas à la touche Ducas, marinées qu’elles sont dans la graine de coriandre, le fenouil sauvage, l’anis et quelques zestes d’agrumes. On peut enchaîner sur ces deux merveilles que sont le velouté de champignons de Paris ou le rouget dans sa tarte fine aux oignons, mais le plat qui réchauffe le plus, le vrai “truc de dingue” de Rooster, c’est la cocotte. Faite pour deux, elle présente un agneau sur son lit de petit épeautre et d’artichauts. Fumante, fondante, la cocotte Ducas ferait presque aimer l’hiver à Gustave. Et tant pis pour ses collants.
Rosalie
La cocotte des foodies amoureux
Paname Délices |
16 Janvier 2019