Rosalie cultive l’art subtil de la négociation avec elle-même. Elle fixe des règles puis trouve une faille dans le système pour ne pas les respecter. Elle dit « cette semaine, c’est potage tous les soirs » et quand vous la prenez en flagrant délit de dépeçage d’un Père Noël en chocolat, elle vous répond « le chocolat de Noël, ça ne compte pas, c’est festif ». Son « mois sans shopping » termine bizarrement avec 2 nouvelles paires de chaussures et un sac. Si vous aviez lu les toutes petites lignes du contrat, vous sauriez que la restriction ne concernait pas le shopping en ligne. Pour les resto, elle refuse que vous claquiez des additions à plus de 100€ mais, en vous parlant du Beefbar des étoiles dans les yeux, elle décrète : « à événement exceptionnel, restaurant exceptionnel ». Et des événements exceptionnels, elle peut en inventer tous les jours.
Exceptionnels comme la salle où vous êtes attablé·e·s. Créée en 1898, la salle à manger de l’ancien hôtel Lamgham a été murée pendant la Seconde Guerre mondiale pour éviter que ces salauds de nazis la détruisent. Redécouverte en 1985, cette salle Art Nouveau retrouve tout juste son lustre d’antan et on dîne maintenant sous une superbe verrière, entouré de miroir, de céramiques, d’oiseaux et de dorures très Belle Epoque. On s’attendrait presque à voir Proust pousser la porte.
Exceptionnels comme les viandes qui vous sont servies. Au menu, plus d’une vingtaine de viandes sourcées, dorlotées et cuites à la perfection. L’honneur est fait au fameux bœuf japonais de Kobé, la meilleure viande au monde. Difficile de se décider entre le persillé de hampe grillé, le chateaubriand, le Black Angus en tagliata, le filet mignon et le bacon cheeseburger de bœuf de Kobé. Difficile aussi de trancher entre les 9 purées crémeuses, comme celle au jus de viande et sel de Guérande, celle à la truffe noire ou celle aux herbes argentines fraîches. Aussi difficile de trancher question entrées, qui revisitent avec malice les classiques de la street food : gyozas, tacos, shawarma, empanadas, mini-burgers, accompagnées de la charcuterie de circonstance. En dessert en revanche, pas d’hésitation : vous partagez l’énorme soufflé chocolat-sésame. En repartant, vous croisez le DJ stationné devant le bar et trouvez cette excuse parfaite pour contourner votre règle « pas d’alcool en semaine » : c’est trop beau. Parfois, il faut juste faire exception.
Le plus beau resto de viande
Paname Délices |
12 Novembre 2018