LE resto de la rentrée

Rosalie n’aime pas les esprits étroits. Elle refuse qu’on la range dans une case, qu’on lui colle une étiquette, qu’on la cantonne à un rôle. Elle aime colorier bien au-delà des lignes, être là où on ne l’attend pas, changer de style vestimentaire, d’avis et de personnalité quand ça lui chante, quitte à vous déstabiliser. Elle vous surprend et veut aussi se laisser surprendre.

Ça tombe bien, c’est exactement l’état d’esprit de l’équipe de petits malins déjà derrière l’excellent Servan, les sœurs Tatiana et Katia Levha. Elles ont compris que ce n’est pas parce qu’on a un beau néo-bristrot bien bobo, avec moulure et carrelage, en plein 11e arrondissement, qu’on ne peut pas ouvrir une cantine asiatique avec déco au néon hyper kitsch, assiettes chinoises au rouge qui claque et serveurs barbus agrémentés de t-shirts fleuris. Un resto dont le nom fait en plus référence à un jeu vidéo de baston des années 1980. Un vent de nostalgie qui vous rappelle quelques souvenirs... Dans l’assiette, on s’amuse tout autant que sur la Nintendo et on va de découvertes en coups de cœur, entre les poivrons enrobés de pâte et farcis de porc haché et de mozzarella, les raviolis grillés aux oreilles de cochon (tout est bon, dans le cochon), les aubergines sautées au poivre vert, la saucisse longaniza, les haricots verts au sésame et katsuo bushi (sorte de poisson séché savamment saupoudré sur les haricots) ou le déjà fameux poulet jaune des landes croustillant du chef. Tout ça préparé devant vos yeux ébahis depuis la cuisine ouverte où officie le très talentueux Antoine Villard, un ex du Septime. Enfin, côté sono, ça n’a pas peur des mélanges et envoie un petit rap des années 1990 qui vous fait marquer le beat de vos baguettes. Un endroit qui ne se laisse pas enfermer dans une case, tout à fait au goût de Rosalie.

Gustave