Le secret du Bus Palladium

Tout le monde est toujours sorti le samedi soir. Et puis un jour, le vendredi est devenu le nouveau samedi. Le jeudi est ensuite devenu le nouveau vendredi. Enfin, Chez Oim est arrivé, et le mardi est devenu le seul jour où il compte vraiment de sortir. Pourquoi ? Parce que ce resto pas du tout du tout comme les autres n’est ouvert que le mardi soir. Et ça c’est un beau tour que Gustave ne compte pas garder dans son sac.

Tous les mardis donc, le chef Julien Sebbag, passé par Miznon, pose ses casseroles dans la salle rock-cozy du premier étage du Bus Palladium, où s’entremêlent chaises et tables de bric-à-brac, bouquets de fleurs séchées, drapeaux qui pendent du plafond, mur en velours léopard. Là règne un joyeux bazar, une ambiance doucement folle, un désordre chic, comme si tous les dîneurs étaient une grosse bande de potes contente de se retrouver, sur une playlist qui va des Pixies à Michael Jackson, en passant par de la pop en hébreu et du Kendrick Lamar. On a l’impression d'être sur une terrasse d’un des cafés/clubs/restos branchés de Tel Aviv. La surprise la plus dingue est encore dans l’assiette où s’épanouit une cuisine israélienne inventive parmi les meilleures de Paris. Ça commence par le houmous de la semaine, à la coriandre quand vous y étiez, qui envoie du lourd. Vous partagez avec Gustave un Stain Boy et c’est bien la première fois de votre vie que vous êtes contente de manger des brocolis, joliment couchés sur un lit de thigurt (tahina + yaourt). Vous ne résistez pas non plus au Burn Baby Burn (aubergine très cuite et girolles) ni au tartare de thon avec kiwi jaune et za’atar. Vous finissez, les larmes aux yeux, avec le dessert de la semaine, un sublime challah perdu (le pain de Shabbat) garni de morceaux de fraises, myrtilles et mûres. Et qui pensait qu’après ça vous auriez encore l’audace de sortir les autres soirs ?

Rosalie