Rosalie n’écoute pas. Ou plutôt, Rosalie ne vous écoute pas. Des discours sur les origines de tel ou tel plat jusqu’aux grandes démonstrations visant à lui prouver que la cuisine française est la plus merveilleuse de toutes, vos paroles ne trouvent pas, chez votre moitié, le public attentif qu’elles méritent. Vous pouvez vous rassurer en vous disant que nul n’est prophète en son pays et que votre savoir gastronomique n’impressionnera jamais madame. Ou bien vous pouvez oublier les mots et laisser parler les assiettes. Vous pouvez aller chez Picotte.
Ouverte fin 2018, l’adresse cuisine, en tapas, des spécialités régionales françaises. Une sorte de “route 66 de la bouffe tricolore”, qui réussit parfaitement à capter l’attention de Rosalie. Vous aviez beau lui dire que “figure-toi, la brandade est une recette française”, elle n’avait jamais trouvé ça intéressant jusqu’à maintenant. Le plat phare finit de vous convaincre, tous les deux, que vous êtes chez des pros : un œuf à la coque cuit à la perfection, accompagné de mouillettes et de comté de 12 mois, ainsi que de beurre à la truffe (dingue) ou au jus de poulet (re-dingue). Toutes les préparations sont remarquables, des fricadelles au pasticettu di risu au poireau et sa vinaigrette à la truffe. La déco est aussi belle que la carte et emprunte aux styles “haussmannien” (parquet en point de Hongrie et moulures), “brasserie” (banquettes en cuir) et “bistrot” (tables et chaises bistrot et mosaïques). Rosalie déguste, admire et laisse son esprit voguer entre les plaisirs du goût, des oreilles (très bien servies ici par une playlist idéale) et de l’esprit, grâce aux sous-bocks qui expliquent de façon amusante les origines de chaque plat de la carte. Quand c’est Picotte qui parle, Rosalie écoute.
Gustave
Picotte, un road trip culinaire français
Paname Délices |
7 Mars 2019