Un dîner sous un citronnier

Quand vous avez annoncé à Rosalie, des étoiles de parmesan dans les yeux, que, ce soir, vous mangeriez italien, elle a soupiré. Pas tout à fait la réaction attendue. Elle vous a accusé de manque d’originalité, de mollesse, de pépérisation même. Et puis elle a changé d’avis.

Déjà parce que Norma n’est pas juste le 2000e restaurant italien de Paris comme elle vous le faisait remarquer avec son petit air blasé, mais un restaurant sicilien où les pâtes hyper fraîches sont faites tous les jours sur place avec une farine bio venue directement de l’île italienne. Ensuite, rareté dans la capitale : le restaurant est traversant et donne à la fois sur la rue Turbigo et la rue du Vert bois, de quoi déployer aux beaux jours une double terrasse qui ne désemplira pas. L’autre rareté : ici les pâtes sont faites sur place, dans le petit laboratoire niché près des cuisines ouvertes, derrière une porte vitrée par laquelle on peut observer la magistrale machine à pâtes. Celles-ci terminent dans votre assiette sous forme de ravioli ricotta-épinard au beurre aux anchois et son crumble de pain persillé, de gnocchi au pesto de basilic et sa crème de burrata ou encore de raviolini au braisé de veau et sa brunoise de légumes. Que vous aurez eu la bonne idée de faire précéder d’une burratina, d’un carpaccio de rôti de veau ou de légumes de saison frits à la sicilienne.
Ce n’est pas seulement bon, Norma a aussi l’audace d’être beau : les murs en brique apparente, la mosaïque pleine de citrons, le plafond végétal au-dessus du grand bar, la citronnier dans un coin, la cuisine ouverte où on voit s’agiter les cuistots venus tout droit de Sicile (même celui qui ressemble à un Viking). Ce coin de Sicile est l’œuvre d’un couple franco-sicilien, déjà à la tête de la pizzeria sur le trottoir d’en face, La Massara. Que Rosalie commence à regarder avec un œil plein d’appétit, finalement réconciliée avec l’Italie.

Gustave